L'Histoire de Bonneuil
Mis à jour le 23 juin 2022
Du village à la ville...esprit village
Les traces de l’histoire de Bonneuil remontent aux premiers siècles de notre ère, comme le suggère le suffixe euil dérivant du terme gaulois signifiant "lieu". À l’origine, existait probablement une villa gallo-romaine du nom de Bonoilum, Bonogilum ou Bonogelum, incluse dans le « fisc » impérial romain, sur la route de Paris à Sens. Une « villa royale » s’y trouve toujours au VIIe siècle. Les rois Clotaire II puis Dagobert y séjournent régulièrement et y prennent des décisions importantes. Un miracle s’y produit, dit-on, au passage du cortège funéraire de Saint-Louis, dans l’hiver 1270-71. L’église, vouée à Saint-Martin au 13e siècle, est sans doute encore plus ancienne.
À la fin du Moyen Âge et durant la Renaissance, le territoire est réparti en deux seigneuries : le château de Bonneuil, aujourd’hui détruit, et le fief vassal du Rancy dont les bâtiments existent toujours. La Révolution abolit leurs avantages, instaure une commune en 1790 et nous laisse un cahier de doléances bonneuillois remarquable.
Le XIXe siècle est celui des occupations prussiennes liées aux défaites du Premier et du Second empire. En 1814-1815, tout d’abord, puis en 1870. Mais en dehors de ces périodes troublées, Bonneuil demeure le « charmant village » fort apprécié des parisiens, qui viendront se détendre en bord de Marne au Moulin-Bateau jusqu’au XXe siècle.
Différents détachements sont cantonnés dans la ville durant la Grande guerre de 1914-18, comme en témoignent les nombreuses cartes postales que ces soldats envoient à leurs familles.
Bonneuil grandit et s’urbanise en même temps que sa tradition rurale s'estompe progressivement, la population augmente : 2489 en 1936, 12317 en 1968, 16300 en 1999 et 18134 en 2019. Avec l’arrivée du train et du tramway, son histoire devient au XXe siècle une histoire industrielle et ouvrière : celle de son grand port, le deuxième d’Île-de-France, construit à partir de 1916 dans les plaines inondables de l’île Barbière. Celle des usines qui s’y massent dans les années 30, comme la fabrique Lancia qui produira jusqu’à 5 voitures par jour. Celle des luttes sociales, également, et du Front populaire qui voit le maire Périer, patron d’une importante fabrique, remplacé par un syndicaliste de sa propre entreprise : c’est Henri Arlès, qui rejoindra les maquis durant l’occupation et qui restera maire jusqu’en 1971.
L'époque est marquée par la solidarité ouvrière et la lutte contre le fascisme. Après la manifestation de 1934 où les fascistes français tentent un coup de force contre le gouvernement, les communistes bonneuillois montent une liste commune : le Bloc Ouvrier et Paysan. Il s'organise autour de Henri Arlès, ouvrier et syndicaliste aux usines Périer.
Le 19 mai 1935, Henri Arlès est élu maire au second tour des élections municipales. Il débute son mandat dans le contexte d'émergence du Front Populaire et de luttes nationales dans les entreprises en soutenant les grévistes des usines Colas et Lancia de la ville. Grace aux grandes grèves du pays, les négociations nationales aboutissent aux "Accords de Matignon" qui verront de nombreux gains comme la semaine de 40h, soit une importante réduction du temps de travail des ouvriers français ainsi que le gain de 2 semaines de congés payés et des augmentations de salaires.
Dans le même temps, la ville débute une grande politique pour l'Enfance avec l'organisation de colonies de vacances, des mesures pour l'accès aux sports et aux loisirs ainsi que l'apprentissage de la musique.
La lutte contre le fascisme se poursuit, Bonneuil est solidaire du peuple espagnol victime du coup d'État franquiste, un jeune ouvrier bonneuillois, Giordano Viezzoli, rejoindra même l'aviation républicaine et sera abattu le 30 septembre 1936 par les franquistes. La ville nomme également Ernst Thalmann, secrétaire national du Parti Communiste Allemand, citoyen d'honneur alors que les nazis l'emprisonnait en camp de concentration (il y sera lachement assassiné en 1944).
Mais le 27 septembre 1939, sous prétexte de a signature d'un accord de non-aggression entre l'URSS et l'Allemagne Nazie, le PCF est interdit par le gouvernement Daladier. De nombreuses associations bonneuilloises se retrouvent interdites. Le mois suivant, Henri Arlès est suspendu de son mandat par arrêté prefectoral. Henri Arlès participe à la Résistance dans les Alpes, en région lyonnaises puis à Paris où il s'occupera d'imprimeries clandestines. D'autres conseillers municipaux communistes de sa liste sont de fervents résistants comme Alexandre Guillou, tué à Auschwitz en 1942 et Georges Ferrand, déporté à Mathausen en 1944. Léa Maury, militante communiste bonneuilloise devenue lieutenant des FTP, est également exécutée en 1943. La ville leur rendra hommage après la guerre.
Bonneuil-sur-Marne sera libérée quelques jours avant Paris le 21 août 1944. Henri Arlès est réinstauré comme maire et président du Comité local de Libération.
L'histoire de Bonneuil, comme du reste de l'Île-de-France, est dominée après-guerre par la question du mal logement lié à l’accroissement rapide d’une population ouvrière. Elle aboutira à Bonneuil à la construction d’un vaste parc de logements sociaux. Avec l'augmentation de la population, de nouveaux équipements verront le jour ainsi que plusieurs écoles et gymnase : Joliot-Curie (1958), prolongement de l'école Langevin-Wallon, Gymnase rue Victor Hugo et construction d'un collège (1961), groupe Romain-Rolland (1967) puis groupe Aimée et Eugénie Cotton (1968).
L’histoire est toujours sujette à débat. La mairie ne prétend pas se substituer aux chercheurs amateurs ou professionnels qui, mieux qu’elle, sont capables de la faire avancer. L’objectif modeste de cette rubrique est de rendre disponibles quelques éléments d’information, qui pourront être complétés par des lectures plus approfondies. Nous remercions particulièrement messieurs Barty Mekri et Henri Bernard pour leur aide précieuse. Les ouvrages de Jacques Varin, Bonneuil-sur-Marne, une histoire millénaire et Bonneuil-sur-Marne au XXe siècle ont largement été utilisés, de même que les notices du Laboratoire Départemental d’Archéologie, Autrefois – Bonneuil de Christian Pontagnier et Bonneuil, histoire d’un port en eaux douces de Barty Mekri.