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Street-artiste reconnu à Cuba, Santiago Hermes sera présent à Bonneuil durant les Rencontres des arts et de la culture, du 28 septembre au 18 octobre. Originaire de Cienfuegos, ville cubaine qui entretient des relations de coopération décentralisée avec Bonneuil, l’artiste réalisera deux fresques sur des équipements municipaux et animera des ateliers avec les habitants. 

Bio express

Santiago Hermes est né à Cienfuegos, à Cuba, où il vit toujours. Il grandit dans une famille d’artistes : ses grands-parents fondent en 1926 le septuor Los Naranjos, qui joue encore aujourd’hui. Il commence à peindre à l’âge de 11 ans et après avoir décroché son diplôme à la Havane, en 1990, il ne s’arrête plus : cela fait 41 ans qu’il évolue dans le milieu des arts plastiques. Le premier travail que Santiago décroche consiste à concevoir des décors et des accessoires pour des pièces de théâtre. Il fonde Grupo Punto, un groupe d’artistes plastiques très influent dans l’histoire cubaine des arts plastiques. Il réalise ses premières performances vers 1995 et se consacre aujourd’hui presque entièrement au street-art.

Entretien

Quel est votre processus créatif ?

Santiago Hermes : Je m’inspire de ce que je vis et de ce que je connais. Cela peut venir de mes pensées, de mes émotions, parfois d’événements… Je considère que mon travail est profondément humaniste. Je tire ma motivation des gens et de la vie. Pour moi, la création doit être partagée avec les gens.  Ma grande passion est de créer au sein d’un collectif. Mon processus diffère en fonction du type d’oeuvre réalisé. Comme tout artiste, j’ai aussi des moments d’introspection et mon espace propre qui me permet de réaliser des créations intimes.

Pourquoi le street-art est très important pour vous ?

Santiago Hermes : C’est un art qui m’anime particulièrement car il tourne autour des gens. On peut réaliser des actions publiques regroupant le peuple et des grands artistes. On atteint une sorte d’intimité artistique collective. C’est magique. Travailler dans la rue est un choix, c’est une immense tâche, qui demande de relever de nombreux défis. Réaliser une fresque murale nécessite de créer de manière inclusive. Il faut mettre en commun des idées, concevoir de  manière collégiale des motifs, faire en sorte d’intégrer au mieux tous les participants à l’oeuvre… La fresque collective doit exprimer le même esprit qu’une fresque individuelle, avec ces challenges en plus.

Comment votre vie à Cuba vous inspire dans votre art ?

Santiago Hermes : Cuba traverse une crise grave. J’aimerais que la situation change et que les choses s’améliorent, mais malgré  tout, la population est toujours aussi authentique et déterminée. C’est ce que j’essaie d’exprimer et transmettre dans mes oeuvres.

Qu’attendez-vous de votre voyage à Bonneuil ?

Santiago Hermes : Je suis très enthousiaste à l’idée de m’y rendre. J’ai déjà rencontré des Bonneuillois à Cienfuegos et je suis persuadé que nous avons des points communs, comme l’amour des gens et des arts. J’espère apprendre à connaître la ville de l’intérieur, rencontrer ses artistes, des familles, voir où elles vivent, leurs habitudes, leurs traditions. J’aimerais aussi en apprendre plus sur l’histoire de Bonneuil, découvrir son patrimoine et ce qui se construit aujourd’hui.

Interview réalisée par Suzanne Rublon pour le magazine de Bonneuil-sur-Marne de septembre 2024.