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L’auteure Aurélie Valognes, régulièrement répertoriée comme l’une des dix auteurs les plus vendus en France, sera présente samedi 12 octobre à 15h à la Foire aux livres du Secours populaire, organisée cette année dans le même temps que les Rencontres des arts et de la culture.

La Foire aux livres 

Rendez-vous à la Médiathèque Bernard-Ywanne vendredi 11 et samedi 12 pour la 17e édition de la Foire aux livres du comité local du Secours populaire Cette année elle se tiendra durant les "Rencontres de la culture et des arts" organisées par la ville de Bonneuil. Des initiatives auront lieu, pour cette occasion, à la Médiathèque et au Centre d'art en fin d'après-midi.

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Interview avec Aurélie Valognes

Elle connaît le succès en 2014, lors de la publication de son premier roman, Mémé dans les orties, qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires. Depuis, chacun de ses livres, qui traitent de thématiques comme les droits des femmes, la solitude des personnes âgées ou encore l’environnement, se vendent à plus de 500 000 exemplaires. Pour autant, malgré cette popularité, Aurélie Valognes vient d’un milieu modeste, qu’elle n’a jamais oublié, preuve en est, au-delà de ses œuvres, de son engagement personnel. En acceptant de soutenir la Foire aux livres du comité bonneuillois du Secours populaire, Aurélie Valognes renouvelle ainsi cette volonté.

Pourquoi avez-vous accepté de parrainer cette Foire aux livres du Secours populaire français à Bonneuil ? 

Aurélie Valognes : C’est la première fois que je me rends à Bonneuil et c’est la première fois que je participe activement à une action du Secours populaire français. Auparavant, j’avais déjà donné des livres dédicacés, mais je ne m’étais jamais déplacée. Normalement, entre septembre et décembre, je ne prévois rien physiquement, car c’est la période où j’écris un nouveau roman. Mais cela fait quelque temps que je souhaite être plus engagée, je me rends compte qu’avec dix années d’expérience dans l’écriture, ma voix peut aider, même à une petite échelle. C’était donc une évidence d’accepter cette proposition. Si cela peut aider d’une quelconque façon, je suis ravie. 

Vous vous engagez auprès de nombreuses causes, pourquoi est-ce aussi important à vos yeux ? 

Aurélie Valognes : Je trouve cela important de m'engager auprès de causes qui me touchent car je sais à quel point j’ai eu une chance folle dans la vie. Je suis un pur produit de l’école républicaine, je viens d’un milieu social modeste, j’ai grandi en cité HLM à Massy et mes parents ne payaient pas d’impôts. Finalement, aujourd’hui j’ai la chance de pouvoir tendre la carte bleue sans avoir mal au ventre, mais je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde. Malheureusement, la reproduction sociale se fait parfois malgré nous, ce n’est pas une question de volonté. Pendant longtemps j’avais ce mantra : “Quand on veut on peut”. Aujourd’hui, je sais qu’il n’est pas vrai, il y a des gens qui ont intérêt à conserver leurs privilèges, et d’autres personnes qui galèrent, et ce sont malheureusement toujours les mêmes. 

A Bonneuil, les Rencontres de l’art et la culture ont pour but de créer des échanges avec la population sur ces thématiques. Vous vous engagez beaucoup en faveur de la démocratisation de la lecture, comment faire pour donner envie de lire à tous et toutes ? 

Aurélie Valognes : Lorsque l’on a un métier épuisant, et que l’on est pris dans une routine, c’est normal que la lecture ne soit pas une priorité, c’est plus simple de regarder une série ou d’utiliser son téléphone. Je mesure que l’art et la culture passent au second plan, on le voit d’ailleurs au niveau du gouvernement, et cela m’attriste fortement. Mais il faut aussi que l’on se dise que si on ne lit pas pour nous, à cause de plusieurs raisons, on peut le faire pour nos enfants.

Peut être que s’il y a un truc à faire, c’est de tendre un livre à un enfant, de l’emmener à la bibliothèque municipale. Essayons d’être un modèle pour ceux qui nous entourent. Un livre peut changer une vie, et on peut tout à fait se faire conseiller par une bibliothécaire si on ne sait pas par où commencer ! La lecture peut nous rendre curieux, on peut se rendre compte que le monde dépasse les limites de notre ville, de notre famille. Il faut aussi essayer de déculpabiliser les enfants, qui vont se tourner vers des mangas, ou des bandes dessinées. Ils ont choisi de mettre leur énergie dans des œuvres qui les évadent, ne les jugez pas parce que cette littérature ne colle pas à l’idée que vous vous faites de la lecture. Il faut se réjouir de ça. 

De quelle manière la lecture est venue à vous ? 

Aurélie Valognes : Ma mère n’a pas fait d’études, elle n’aimait pas l’école, ça a été un traumatisme d’enfance. Malgré tout, elle a toujours compris que la lecture pouvait avoir un rôle très important dans le développement de l’enfant. Même si elle n’était pas une lectrice, elle savait qu’il fallait nous tendre des livres. J’ai eu une chance incroyable, toutes les semaines, elle nous emmenait, mon frère et moi, à la bibliothèque municipale de Massy, ou elle nous laissait au rayon livres du supermarché lorsqu’elle faisait les courses. J’étais passionnée de lecture, c’était le divertissement gratuit que je pouvais avoir à satiété. Je ne jouais pas aux Playmobils ou aux Barbies, dès que je pouvais avoir des cadeaux, je demandais des livres. Ils ont toujours été là.

De quelle manière êtes-vous passée de la lecture à l’écriture ? 

Aurélie Valognes : Cela s‘est fait tellement tard, vers l’âge de 29 ans. Lorsque je suis tombée enceinte de mon premier enfant, j’ai fait une dépression post-partum puis ma cousine est tombée malade, atteinte d’un cancer du sein. Je me suis énormément remise en question. Je me suis demandée si cela m’arrivait également un jour, aurais-je réalisé mon rêve ? A l’époque, je ne savais pas quel était mon rêve, mais je faisais un cauchemar récurrent, où je voyais ma tombe, sur laquelle était inscrit mon nom, avec la mention “écrivaine”. Avec cet indice, je me suis dit qu’il fallait que je profite de mon temps libre pour tenter d’écrire un livre. Je me suis fixée l’objectif de l’écrire en 100 jours, ce qui a donné “Mémé dans les orties”. J’ai toujours voulu être libre, et aujourd’hui, je le suis. Écrire, c’est la liberté pour moi. 

Vous sortez à peu près un livre par an, comment faites-vous pour être aussi productive ? 

Aurélie Valognes : J’ai toujours beaucoup travaillé, j’aime apprendre des choses. Si je n’ai pas une raison pour sortir de mon lit, je broie du noir. Mon nouveau mantra, c’est “le travail paye toujours, à un moment, on récolte ce que l’on sème”. Cela fait six ans que j’ai la chance de vivre de l’écriture, et tous les jours je me lève avec l’envie de m’attaquer à un nouveau roman. Actuellement, je me force à en écrire qu’un seul, alors que j’ai déjà des idées pour en écrire quatre autres ! J’essaie de canaliser mon cerveau qui déborde d’idées. 

Vos livres traitent beaucoup de thématiques sociales, comme les transfuges de classe, l’échec scolaire, la solitude des personnes âgées… D’où tirez-vous cette inspiration ? 

Aurélie Valognes : Il fut un temps où j’avais l’impression que chaque roman était un bout de ma vie, tant je parlais de ce qui pouvait me toucher. Je pense que mon écriture est une quête, afin de décortiquer le monde qui m’entoure et que je ne comprends pas forcément. Je fais toujours beaucoup de recherche, et à chaque fois ces thèmes me touchent intimement. Depuis trois ans, j’écris à la première personne. Ce ne sont plus seulement des bouts de ma vie que j’inclue dans mes livres, mais aussi des bouts de moi. Et je fais attention d’aborder des sujets universels. Je me dis que l’on va couper des arbres pour faire mes livres, j’ai au moins intérêt à raconter des histoires qui vont passionner le plus grand nombre. 

Interview réalisée par Suzanne Rublon