Communiqué
Lettre du maire sur la refonte du quotient familial
Bonneuil est une ville imprégnée par son passé culturel, par la diversité de ses habitants et la pluralité de leurs histoires. Avec plus de 82 nationalités représentées, ces Bonneuillois contribuent à la mémoire vivante locale. Adolphe Dzokanga, expert linguistique, Mohamed Mazari, conseiller municipal, Giordano Viezzoli, militant antifasciste, Alexandre Vernizo, ancien résistant, Jean Métellus, médecin, poète et romancier honoré comme citoyen d'honneur de la ville en 1987. En tant que terre d'asile, Bonneuil accueille également avec fierté les cinq athlètes afghanes championnes de taekwondo, symbolisant l'ouverture de la ville à des hommes et des femmes de divers horizons. Le 21 février 2024, le couple Missak et Mélinée Manouchian évoqueront la tragédie des résistants pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ces noms témoignent de l'engagement de la Ville envers la diversité, tout en rappelant les pages importantes de son histoire. Une tradition d'accueil, soutenue par les maires successifs - Henri Arlès, Bernard Ywanne, Patrick Douet et aujourd’hui Denis Öztorun, fait de l'immigration une véritable richesse pour la commune. Malgré les défis liés à l'évolution démographique, à l'urbanisation croissante et la crise du logement, accentuée par la présence de deux bidonvilles, elle a pris des engagements forts comme en témoigne la construction de la cité Fabien sous la mandature d’Henri Arlès en 1956. Plusieurs associations locales s'investissent activement pour promouvoir le vivre-ensemble des Bonneuillois. Parmi elles, Les voisines de Bonneuil, Imal Itil, Ensemble familles solidaires, Club Léo-Lagrange, Rayon de Soleil et bien d'autres.
Forte de cette tradition d’accueil, la municipalité, a exprimé son opposition ferme à la loi asile et immigration lors d'un rassemblement devant la mairie le 21 décembre dernier. Le Maire a notamment rappelé avec conviction que cette législation remet en question le principe fondamental du droit du sol, pilier essentiel de l'identité nationale française. Et Denis Öztorun de conclure sur un message de résistance : « Nous n’acceptons pas ce choix, nous nous y opposons, et continuerons à le faire. Ainsi, aux valeurs que notre ville porte déjà fièrement, Bonneuil ville amie des enfants, Bonneuil ville de paix, nous ajouterons désormais « Bonneuil, ville accueillante ».
Au cœur de Bonneuil, forte de ses 82 nationalités, ces témoignages de Bonneuilloises et Bonneuillois de divers horizons, illustrent cette mosaïque culturelle riche qui constitue le socle vivant de l'histoire communale.
« Avec cette loi, je n’aurais pas pu venir en France »
Ce texte de loi jette la honte sur le pays de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Il fait honte aussi parce que chaque jour, dans nos villes, nous faisons la démonstration que l’immigration n’est pas le problème, et qu’il est urgent de faire vivre la fraternité, la solidarité et la justice sociale. Cette loi aura aussi des conséquences néfastes énormes pour les collectivités locales, qui vont devoir gérer de nouvelles situations d’urgence et inextricables, sans moyens, sans solutions et sans pouvoir de décisions.
La France s’est bâtie et s’est enrichie au fil des siècles, grâce à ses idéaux humanistes, universalistes, d’égalité et de justice sociale, d’antiracisme, de terre d’accueil. Des valeurs qui ont éclairé et inspiré de nombreux peuples pour se libérer et s’émanciper. Avec cette loi immigration, je n’aurais pas pu venir en France, ni découvrir la langue française, ni être le maire, citoyen français, naturalisé, aimant ce pays plus que tout, sans oublier d’où il vient. Les lois se font, et elles peuvent être défaites, par les mobilisations politiques, institutionnelles et populaires.
Bonneuil ne veut pas des thèses extrémistes, fascistes, racistes et antisémites. Bonneuil est une terre de solidarité, une terre accueillante.
« Une droitisation du débat politique »
On s‘aperçoit qu’il y a une véritable droitisation de la politique et des médias, de moins en moins de pluralisme.
Une uniformisation de la pensée unique alors que nous sommes pourtant le pays des Droits de l’Homme.
On assiste à un affaiblissement de l’unité sociale.
Bonneuil est une ville à la tradition populaire et accueillante, c’est bien ici que des élus se lèvent pour faire entendre la voix de tous les citoyens français quelles que soient leurs origines et leurs couleurs de peau.
« Favoriser la culture »
La diversité des nationalités à Bonneuil constitue une véritable force. Le capitalisme exacerbé pousse les peuples à chercher un avenir meilleur.
Malheureusement, notre pays ne fait pas toujours bon accueil aux immigrés, mais c'est tout le contraire à Bonneuil, en grande partie grâce à la richesse de son tissu associatif. Les politiques, en quête d'un bouc-émissaire pour masquer leur impuissance, en portent la responsabilité. Avec la crise écologique, de nouvelles vagues migratoires sont à prévoir. C'est par la culture et l'amitié que nous pourrons bâtir un avenir meilleur et solidaire.
« Une ville engagée pour le droit de chacun »
Mon père est arrivé d’Algérie directement à Bonneuil à la fin des années 50 dans le bidonville pour célibataires installé dans le parc du Rancy, pour ensuite s’installer avec ma mère dans celui du Moulin-Bateau.
Nous sommes partis ensuite pour la cité Fabien.
Je garde un souvenir d’une forme de cohésion et de solidarité entre les différentes communautés qui composent le quartier. Bonneuil a toujours été une terre d’accueil, une ville monde des vagues migratoires.
« Une part de responsabilité »
Depuis toujours, Bonneuil a été une terre de rencontres, où des personnes venant de tous horizons convergent. Dans les années 60 et 70, l'origine de chacun ne constituait pas un sujet de conversation, et une grande solidarité unissait les habitants, chacun contribuant à l'histoire locale et nationale, formant ainsi une société unie.
Malheureusement, je constate que les idées de division, initialement propagées par l’extrême droite gagnent en importance. Nous avons une part de responsabilité dans cette montée. La loi actuelle risque d'accentuer les inégalités et de renforcer les réseaux criminels.
Prendre la décision de quitter son pays n'est pas simple, et beaucoup prennent des risques considérables pour le faire. Il est crucial de ne pas oublier que de nombreux immigrés ont versé leur sang pour défendre notre pays, la France.
« Les médias ont un rôle néfaste »
Je suis arrivé avec mes parents de l’ex-Yougoslavie (Serbie) en France en 1959 et à Bonneuil en 1971. Ce que j’observe, c’est que les visages de l’immigration ont changé.
À l’époque, on ne se préoccupait pas de la couleur de peau des personnes. Bonneuil était encore un village et tout le monde se connaissait.
En matière de lutte, nous pouvons pourtant faire front commun, comme en témoigne le combat mené pour plus de dignité et un meilleur vivre-ensemble par la municipalité pour la rénovation urbaine de la cité.
Il y aura toujours des migrants, car l’histoire du monde est faite d'allers et de retours quotidiens. Les gens ont peur de l’autre simplement parce qu'ils ne se parlent pas. Les médias jouent un rôle néfaste dans ce sentiment de peur vis-à-vis de l’autre.
Ce 21 février, deux figures de la résistance face à la barbarie du nazisme vont faire leur entrée au Panthéon : Missak et Mélinée Manouchian. Ces deux rescapés du génocide arménien se sont distingués par une lutte armée contre l'occupation allemande en région parisienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette panthéonisation aura lieu 80 ans après l'exécution du militant communiste, Franc Tireur Partisan - Main d'oeuvre immigrée (FTP-MOI).
« En célébrant le sacrifice de Missak Manouchian et de ses vingt camarades fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944, nous honorons tous ces étrangers, ces communistes, ces républicains qui ont donné leur vie pour notre liberté. Nous commémorons la défaite du nazisme et de ses collaborateurs, qui n'ont pas réussi à faire des résistants les terroristes de l'Affiche rouge placardée dans les rues par les Allemands pour annoncer leur arrestation », commente Denis Öztorun.
Une reconnaissance nationale mais aussi locale. Le conseil municipal du 1er février par délibération a élevé le couple au rang de citoyens d’honneur.