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Guy Chaffaud, adjoint au maire honoraire et conseiller municipal de 1971 à 1985, nous a quitté le jeudi 31 mars 2021. Le maire Denis Öztorun et la municipalité lui rendent hommage.

« Guy a marqué Bonneuil de son empreinte, toujours avec un sens profond de la paix, de la dignité, de la solidarité, de l’intérêt général soulignait le maire Denis Öztorun, lors des obsèque de Guy Chaffaud, le 7 avril 2022, au cimetière de Bonneuil. Il peut compter sur nous, pour continuer à nous mobiliser, à nous battre, pour la justice sociale et la Paix, pour la fraternité et la solidarité, pour les lendemains qui chantent, pour qu’enfin viennent les Jours Heureux ! »

 

Hommage

Jeudi 7 avril avaient lieu les obsèques de Guy Chaffaud. Il fut membre du conseil municipal de 1971 à 1995 aux côtés du maire d'alors, Bernard Iwanne. Arrivé à Bonneuil en 1967, il a été élu adjoint au maire en charge des travaux, du personnel communal, de l'information et de la géothermie.

En présence de son épouse Gisèle, de ses enfants, de ses petits-enfants, de son arrière-petite-fille, de nombreux proches, de l'ensemble du conseil municipal, de la section locale du Parti communiste et de sa représentation dans le Val-de-Marne, c'est un combattant de la justice, de la paix et du progrès social qui a été salué cet après-midi. La centaine de personnes présente au cimetière de Bonneuil a rendu un hommage appuyé à ce grand homme dont Denis Öztorun, le maire, a assuré, dans son discours, de garder la mémoire.

Allocution de Monsieur Denis Öztorun, maire de Bonneuil-sur-Marne :

« Chère Gisèle, mesdames et messieurs de la famille, les enfants et petits-enfants de Gisèle et Guy, leur arrière-petite-fille,
Cher Patrick Douet, notre Maire honoraire,
Mesdames, messieurs les élus et anciens élus,
Chers amis et camarades.  

Nous sommes réunis ce jour pour rendre un dernier hommage à Guy Chaffaud, Adjoint-au-Maire honoraire de Bonneuil-sur-Marne, membre de son conseil municipal de 1971 à 1995, aux côtés de notre maire de l’époque, Bernard Ywanne et adjoint durant trois mandats. 

Permettez-moi de retracer les grandes lignes de sa vie militante, qui l’ont conduit à s’installer à Bonneuil-sur-Marne avec Gisèle, à y jouer immédiatement, un rôle dirigeant local du Parti Communiste puis à se mettre au service de la ville et de la République à travers l’exercice de son mandat électif et de la diversité des délégations qui ont été les siennes. 

Né le 17 septembre 1930, à Pont-Authon dans l’Eure.

Enfant d’une couturière et d’un cheminot communiste et résistant à l’occupation nazie, c’est dès l’âge de 16 ans, en 1946, qu’il adhère à la Jeunesse Communiste. 
Titulaire du Certificat d’Études Primaires et de ce qu’on appelait alors, le Brevet Industriel, Guy réussit le concours d’entrée aux PTT, l’administration d’alors, de la Poste, du Télégraphe et du Téléphone au sein desquels il exerce le métier d’ajusteur. 
Il est nommé à Paris, boulevard Brune et habite d’abord rue de Tolbiac, puis dans la cité HLM du Chaperon Vert à Gentilly. 
Il sera jusqu’en 1960 un dirigeant de la Jeunesse Communiste de ce qui s’appelait alors la Fédération Seine Sud et qui correspond à peu près à l’actuel Val-de-Marne.

Guy a ainsi forgé son militantisme en particulier dans la lutte contre les guerres coloniales, guerre d’Indochine puis guerre d’Algérie, de la même manière qu’il sera très actif plus tard à d’autres responsabilités contre la guerre du Vietnam menée par l’impérialisme U.S.

Guy fait partie de cette génération de jeunes militants qui ont bataillé pour la libération du jeune soldat Henri Martin dont la seule culpabilité était d’avoir distribué à ses camarades des tracts contre la guerre d’Indochine, puis pour la libération d’Alban Liechti qui avait écrit au président de la république son refus de prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son autodétermination.

Dès 1955 Guy et Gisèle s’étaient couchés sur des rails de voies ferrées pour retarder un train de soldats en partance pour l’Algérie. Lorsqu’aujourd’hui nous agissons face à la guerre, lorsque nous refusons que la guerre s’ajoute à la guerre, nous sommes les héritiers de ces combats-là que Guy menait avec courage et détermination. 

Et c’est aussi pour entretenir la mémoire de ces combats-là que nous avons à Bonneuil cette année mis notre travail de mémoire – avec la quinzaine de la mémoire et de la citoyeneté qui va s’ouvrir dans quelques jours, sous le signe de la conquête de leur indépendance par les peuples colonisés et aussi de la solidarité qu’a manifesté en faveur de ces luttes une partie grandissante du peuple français, justement avec des personnes comme Guy.   

Installé à Gentilly où il rencontre Gisèle, c’est là aussi qu’il commence à exercer des responsabilités dirigeantes au PCF. Secrétaire de section en 1961. Il était déjà au Bureau de la Fédération Seine Sud du PCF depuis 1953. Il le restera jusqu’en 1974, alors qu’elle était devenue entre-temps Fédération du Val-de-Marne. 
Il aura côtoyé dans cette instance des personnalités influentes du mouvement communiste, comme Marie-Claude Vaillant-Couturier, Georges Marchais ou encore Michel Germa qui fut plus tard président du Conseil Général.

Parallèlement à ses responsabilités, dans l’organisation communiste, où il s’occupe au niveau départemental de la relation avec les associations, il devient en 1966 le secrétaire départemental du Mouvement de la Paix, très actif à l’époque contre la guerre du Vietnam. On retrouvait là, la constance de son profond engagement, pacifiste, anticolonialiste, internationaliste, pour l’indépendance et la souveraineté de tous les peuples du monde.

Guy conservera cette responsabilité pendant 10 ans tout en s’installant en 1967 à Bonneuil-sur-Marne, où il est aussitôt élu secrétaire de leur section, par les communistes bonneuillois.  

Et c’est quelques années plus tard, lors de l’élection municipale de 1971, qu’il rejoint le Conseil Municipal avec Bernard Ywanne lorsque celui-ci succède à Henri Arlès.

Le mandat suivant, il devient adjoint-au-Maire, ce qu’il sera sans discontinuer jusqu’en 1995. 
Il exercera les délégations des travaux, du personnel communal, de l’information et de la géothermie, pour la création de laquelle il a joué un rôle très important. 
Nous lui devons pour une bonne part, de pouvoir aujourd’hui chauffer 80% - bientôt 90% - de la Ville avec cette énergie décarbonée et renouvelable, dont nous mesurons tout l’intérêt ces temps-ci avec le réchauffement climatique, la raréfaction des ressources fossiles, l’envolée de leur prix.   

Avec le plan climat 2035 que je souhaite construire avec la population lors de nos rencontres d’automne 2022, je veux donner un nouveau souffle à cette dimension écologique de l’action municipale dont Guy, avec Bernard Ywanne, a été un des précurseurs éminents, et que Patrick Douet, mon prédécesseur, a poursuivi sans relâche.

Aux dires de celles et ceux qui l’ont côtoyé à cette époque – mais nous qui l’avons connu plus tard nous n’en doutons pas - il était un élu actif, intervenant souvent, un élu ouvert, souriant, un élu combatif aussi face aux pouvoirs publics, qui déjà à l’époque ne nous faisaient pas de cadeaux.
Un élu au service de ses concitoyens, qui n’oubliait ni les valeurs profondément républicaines qui étaient les siennes,
 Justice, fraternité, paix, laïcité, 
Ni que nous vivons dans une société, dominée par le profit, auquel il faut constamment opposer l’intérêt général et la défense de celles et ceux qui ne vivent que de leur travail.

Si Guy n’était plus élu depuis 1995, il a continué à marquer son intérêt pour la vie municipale, à participer à de nombreux événements et manifestations autant que sa santé l’a permis.

Guy Chaffaud sera resté un militant communiste fidèle à son engagement jusqu’à son dernier souffle, toujours à prendre des notes dans son petit carnet, dans les réunions publiques ou en assemblée générale du Parti Communiste et d’en débattre avec ses interlocuteurs, des fois, des jours après.
Il suivait avec lucidité, l’actualité tant nationale et mondiale que locale, s’impliquant avec Gisèle notamment pour la rénovation de la cité Oradour-sur-Glane où ils résident.

En 2018, il avait répondu avec enthousiasme à la sollicitation de notre service communication, de participer à un film témoignage, à l’occasion du 50ème anniversaire de mai 1968, évoquant les 25 entreprises de Bonneuil qui avaient été en grève totale, 
A la fois contre la répression des étudiants en lutte mais aussi partout pour de meilleurs salaires 
Et davantage de droits dans les entreprises. 

Des questions qui sont à nouveau, beaucoup à l’ordre du jour aujourd’hui. Dans les images qui ont été recueillies, qu’on peut voir sur le site internet de la ville, il prononçait des paroles d’espoir, en un changement de société, en une reconstruction de la gauche pour y parvenir.

Alertant depuis longtemps ses camarades sur sa crainte d’un parti communiste trop effacé, il avait salué la décision de celui-ci de faire un autre choix lors de son dernier congrès. Celui des jours Heureux qu’il chérissait tant, qui était la raison de son adhésion aux jeunesses communistes juste à la sortie de la Guerre.

Guy a marqué Bonneuil de son empreinte, toujours avec un sens profond de la paix, de la dignité, de la solidarité, de l’intérêt général.

Au nom du conseil municipal je m’incline devant sa mémoire et je veux redire à Gisèle, à ses enfants et petits-enfants, à son arrière-petite-fille, que je partage votre peine et vous assure de toute ma sympathie et de toute mon amitié.

Et je dis à Guy, qu’il peut compter sur nous, pour continuer à nous mobiliser, à nous battre, pour la justice sociale et la Paix, pour la fraternité et la solidarité, pour les lendemains qui chantent,
Pour qu’enfin viennent les Jours Heureux !
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